Comprendre. Ressentir la peur d’un soldat ou d’un flic. A chacun de leur façon et dans leur époque, le long métrage du réalisateur anglais Sam Mendes et celui du français Ladj Ly, injustement oubliés des Oscars dans la catégorie meilleur film et meilleur film étranger au profit de Parasite qui nous avais laissé dubitatifs- lire article, donnent à voir une réalité terriblement incarnée par leurs personnages. 1917, filmé en un unique plan séquence suit deux troufions anglais dans leur course effrénée à travers les lignes ennemies allemandes pour prévenir une autre division anglaise que leur assaut va se transformer en boucherie, photos aérienne à l’appui. Ils n’ont rien de héros; l’un veut sauver la peau de son grand frère, l’autre accompagne son ami.
L’usure du terrain
La peur au ventre, sans jamais que le film ne verse dans le pathos, on les suit dans leur périple entre danger permanent et no man’s apocalyptique; des trous d’obus où gisent des cadavres, un village français en feu de nuit qui rappelle les images de Skyfall et une happy end qui n’en a rien d’une; l’assaut sera stoppé- jusqu’au prochain et l’on peut rester vivant tout en étant « mort ». Ainsi va la guerre, ainsi va la vie dans les banlieues où Ladj Ly suit trois « baqueux »- force spéciale pour faire régner l’ordre dans des populations où la drogue et la délinquance règne. A tout moment, on sent que la situation peut basculer. La peur aussi s’installe chez le spectateur tantôt pour ces enfants qui n’en sont plus, tantôt pour ces policiers sans arrêt sur la brèche. Loin d’être manichéen, le film montre les deux côtés, comment un père de famille est devenu un sale flic, usé par le terrain et comment son collègue fraichement arrivé, tente de rester humain dans cette jungle. Il n’y a ni bon ni méchants, juste une guerre ouverte comme en 1917 où chacun essaye de sauver sa peau. Et, à un siècle d’écart, la folie des hommes.
AW