18 novembre 2017
Fanny Azzuro, le piano rayonnant

Elle est jeune, elle a une trentaine d’années, et elle joue du piano. Tous les pianos. Le classique bien sûr, avec 1905 Impressions, paru chez Paraty, après un premier disque consacré à Prokofiev, mais aussi le jazz, avec Hervé Sellin, dans un album Passerelles où elle joue des arrangements de l’artiste jazz sur des pages de Schumann – publié par Cristal Records. Et son appétit ne s’arrête pas là, elle qui a fondé un ensemble SpiriTango, pour défendre tout un pan de musique argentine et sud-américaine.

Car le rythme, Fanny Azzuro a cela au bout des doigts, elle qui s’est perfectionné avec ce que l’on a coutume d’appeler l’école russe. Mais les catégories, ce n’est pas vraiment son affaire. Curieuse de tous les répertoires, elle n’en trace pas moins son sillon personnel, et ses deux derniers enregistrements en témoignent.

Au-delà de l’année de composition – approximative – des trois pièces retenues de Ravel, Debussy et Albeniz, 1905 c’est aussi l’année du vote de la loi sur la laïcité. Et à deux jours du second tour de la présidentielle, date de parution du disque, elle a aussi voulu faire un clin d’oeil un peu militant. D’ailleurs, en tournant dans des stations symboliques comme Jaurès ou République, le clip promotionnel n’hésite pas à en jouer.

Avec Hervé Sellin, son habitude des partitions écrites rencontre le passionnant travail sur le rythme et le groove du jazz – et le résultat est confondant d’intelligence et de subtilité. Sans appartenir à ce monde-là, elle aime explorer de nouveaux territoires, et défend avec conviction l’ouverture des répertoires, pour s’ouvrir à de nouveaux publics, et sortir le monde du classique de son formol. Les nouvelles générations sont nettement moins cloisonnées que les précédentes. Avec sa personnalité attachante, Fanny Azzuro mène, à sa manière, une sorte de croisade laïque contre les rituels du classique. Un engagement on ne saurait plus salutaire aujourd’hui.

GL

Articles similaires